[h=1]Chroniques de Patrick R. Bourgeois[/h]
Le bon et les truands
Jeudi, 14 mars 2013 |
Écrit par Patrick Bourgeois
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Comme ça, il semblerait que mon ami Jules Falardeau soit devenu la nouvelle coqueluche des horribles radios poubelles. Son crime ? Avoir défendu Hugo Chavez dans un texte, un grand homme d’État soucieux du bien commun (ça fait changement) et s’être crêpé le chignon avec les ti-casses à Richard Martineau et Dominic Maurais de l’odieuse CHOI radio X.
Concrètement, Jules a répliqué aux insultes de ces grands intellectuels de talent (qui ne pouvaient tolérer qu’il ait aimé Chavez) en souhaitant que Maurais se plante ses propres poignards dans le dos et qu’il saute dans le caniveau. C’est sur les ondes de l’émission Internet des
Fils de la liberté qu’il a dit cela. Le pleurnichard à Maurais, qui s’est ainsi bien fait remettre son nez dans son petit tas, a pris le mors aux dents et appelé la police.
- Monsieur l’agent, sortez illico 728 de l’asile pis envoyez-nous la à Québec, un terroriste a souhaité sur Internet que je me suicide ! C’est grave. Très grave Monsieur l’agent. Faites vite.
- Hum, attendez que je vois dans quelle catégorie de crime ça rentre ça, Monsieur Maurais…
- Hum…
- Hum…
- Hum…
- Hum…
- Hum…
- Hum…
- Hum…
- Et encore plusieurs « hum » plus tard…(ça peut être long quand un grand cerveau à képi réfléchit)
- Hum…J’sais pas quoi dire, Monsieur Maurais, j’sais pas quoi faire avec ça.
Ça devait à peu près ressembler à ça la discussion entre Maurais et son bon flic préféré, deux grands esprits soucieux du maintien de notre bonne santé sociétale comme on peut s’en douter. C’est bien sûr du gros n’importe quoi ce recours aux forces constabulaires de la part d’un adepte des sparages qui se réfugie dans les jupes de sa mère aux premiers grognements entendus. Et aussi bien dire que Jules ne risque rien du tout.
Mais est-ce que Jules avait raison de réagir comme il l’a fait ? Bien sûr que oui. Voyez-vous, je ne suis pas de ceux qui considèrent qu’on doit toujours laisser faire dans la vie, qu’on doit constamment ignorer les individus les plus immondes qui sévissent autour de nous. Viennent des moments où on doit se défendre, où on doit lutter, combattre et triompher. Jules n’a pas accepté d’être insulté par les raclures de fond de bobette de Québec et il avait raison de se défendre. En tenant les propos qui furent les siens ? Tout autant !
Ça fait des années que je dénonce les radios-poubelles parce que je considère qu’il est inconcevable qu’on tolère encore et toujours de telles radios xénophobes et misogynes au Québec. Dans ce dossier, jamais je ne partagerai les dires de Voltaire qui affirmait « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Je considère plutôt qu’on doit fermer le clapet de ceux qui usent de leurs tribunes médiatiques pour cracher leur intolérance primaire sur les femmes, sur les étrangers, sur les gauchistes et sur les indépendantistes. On doit régler le cas de ces petits fachos des radios-poubelles qui font profession de diffamer violemment la différence. Et il ne s’agit pas ici d’un point Goodwin. Je considère vraiment que la radio-poubelle est une forme de fascisme. Du fascisme modéré, certes, mais du fascisme quand même.
Mais qu’est-ce que le fascisme pur vous allez me dire ? Il s’agit d’une persécution violente et antidémocratique de l’opposition, de la différence, pour la réduire à néant. Les radios-poubelles agissent de la sorte, la violence physique en moins. À l’année longue, elles tentent de réduire au silence, par la violence verbale, ceux qui militent pour un autre monde, qui se positionnent contre leur programme extrémiste carburant à l’intolérance de droite extrême, xénophobe et sexiste. Elles vomissent beaucoup de malhonnêteté, de perfidie, et de mauvaise foi la plus crasse pour détruire leurs opposants. Doit-on tolérer cela ? Absolument pas. Dans la loi, il est dit que les programmes haineux sont illégaux. Tout comme il est stipulé que la diffamation doit être condamnée et les diffamateurs punis. La radio-poubelle patauge par conséquent dans l'illégalité. Et elle devrait être punie. Sévèrement.
Mais comme les victimes des intolérants radiophoneux n’ont pas tous les moyens d’en référer aux tribunaux pour défendre leur droit à la différence, les radios-poubelles ne risquent rien et continuent de mener leur sale besogne en toute impunité, en traînant les uns et les autres dans les immondices qu’elles sèment à tous vents. Partant de là, que Jules se soit défendu en souhaitant métaphoriquement que Maurais se fasse disparaître dans le caniveau, je ne vois pas où est le problème. Comme je ne considérais pas problématiques les dires de ceux qui réclamaient la fin abrupte et inconditionnelle des règnes de Pinochet ou de Ceausescu. Ou la disparition de l’espace public du grand clerc de bout de rang qu’est André Arthur, lui qui vociférait que les chauffeurs de taxi haïtiens puent.
Et qu’on me comprenne bien. Je ne réclame pas le musèlement des radios-poubelles tout simplement parce qu’elles sont fédéralistes. Je le fais parce qu’il en va du gros bon sens, parce qu’une société ne devrait jamais ignorer l’intolérance et les dérives fascisantes. Jamais. Les médias ont certes le droit de critiquer -les indépendantistes comme les autres- mais certainement pas de diffamer. Et parce que je suis conséquent avec moi-même, j’ajoute qu’on ne devrait pas davantage tolérer qu’un média indépendantiste diffuse des propos racistes ou misogynes. Si un tel média indépendantiste existait et agissait de la sorte, il fermerait en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Et il serait normal qu’il en soit ainsi. En fait, j’espère que tel serait le sort qu’on lui réserverait. Alors pourquoi ne pas agir aussi fermement dans le cas des radios-poubelles ? Parce qu’elles ont un biais anti-Québec certain et que cela plaît bien dans certaines officines d’Ottawa ? Je ne sais pas. Mais je constate en tout cas.
Et comme je suis bon joueur et de très bonne foi dans ce dossier, je renchéris en affirmant que je serais même prêt à ce qu’on accorde une dernière chance aux radios-poubelles. Soit elles se comportent enfin de manière responsable, en respectant l’éthique journalistique, soit on les contraint à fermer leurs portes. Ça peut pas être plus fair play que ça !
Mais en ce qui nous concerne plus précisément, mon bon ami Jules, sache que dans le bras de fer qui t’oppose aux totons des radios-poubelles, tu es le bon et eux les truands. Continue de défendre ton intégrité et les idées ô combien respectables qui sont les tiennes. Toujours nous serons à tes côtés, pour prendre des coups en ta compagnie. Mais aussi pour en donner. Et n’oublie jamais qu’ensemble, nous finirons bien par vaincre les responsables des dérives fascistes qui sévissent en notre pays occupé. Et ce jour-là, le Québec sera encore plus près de la liberté dont nous rêvons qu’il ne l’est actuellement. Alors courage ! Et pourfends les truands !