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Publié le 06 février 2015 à 09h46 | Mis à jour à 10h01
L'aide médicale à mourir approuvée par la Cour suprême
Hugo de Grandpré
La Presse
(Ottawa) L'interdiction de l'aide médicale à mourir est inconstitutionnelle dans certaines circonstances, a tranché la Cour suprême du Canada vendredi, donnant 12 mois aux gouvernements pour faire les ajustements nécessaires.
Dans un jugement unanime et historique, la Cour a statué que l'interdiction contenue aux articles 14 et 241 du Code criminel du Canada porte atteinte à l'article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés qui garantit le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.
Cette invalidité s'applique toutefois à un groupe restreint de personnes : elle vise les personnes adultes capables; qui consentent clairement à mettre fin à leur vie; qui sont affectées par des problèmes de santé graves et irrémédiables; et dont ces problèmes leur causent des souffrances persistantes et intolérables.
La Cour n'a pas donné de détails sur l'application de ces critères. Par exemple, on ignore si les problèmes de santé « graves ou irrémédiables » peuvent être de nature strictement psychologique, de même que la forme que prendrait l'aide du médecin (prescription de médicaments, administration de médicaments, etc.). Elle néanmoins précisé que la souffrance « persistante et intolérable » peut être de nature physique ou psychologique.
Ce sera donc aux gouvernements fédéral et des provinces d'encadrer cette nouvelle réalité et d'en prévoir la mise en oeuvre. La Cour a suspendu l'application de son jugement pendant 12 mois pour leur donner le temps de s'ajuster. Les articles concernés du Code criminel resteront donc valides durant cette période.
Ce jugement rendu dans cette affaire Carter qui émane de Colombie-Britannique vient renverser l'arrêt de cette même cour rendu il y a plus de 20 ans dans l'affaire Rodriguez en 1993.
« Le caractère sacré de la vie "n'exige pas que toute vie humaine soit préservée à tout prix", ont écrit les juges en citant Rodriguez. Le droit en est venu à reconnaître que, dans certaines circonstances, il faut respecter le choix d'une personne quant à la fin de sa vie. »
Quant à la « pente glissante » évoquée par les opposants de l'aide médicale à mourir, la cour s'en est remise à l'évaluation de la juge de première instance, qui « a conclu qu'aucune preuve émanant des endroits où l'aide médicale à mourir est autorisée n'indique que les personnes handicapées risquent davantage d'obtenir une aide médicale à mourir ».
Une dizaine d'États à travers le monde ont autorisé une forme ou une autre d'aide médicale à mourir depuis 1993, dont la Belgique, la Suisse et l'Oregon.
Il s'agit d'un revers de taille pour le gouvernement Harper, qui a défendu bec et ongles la constitutionnalité de cette interdiction.
Le jugement pourrait par contre donner un sérieux coup de pouce au gouvernement du Québec, dont la loi sur la mort dans la dignité constitutionnalisée est elle-même contestée devant la Cour supérieure. Ottawa faisait valoir que le droit criminel a préséance sur la compétence provinciale en matière de santé. La Cour a statué que « les deux ordres de gouvernement peuvent validement légiférer sur des aspects de l'aide médicale à mourir, en fonction du caractère et de l'objet du texte législatif ».
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