Les autorités françaises et britanniques ont lancé vendredi un appel pour retrouver un enfant de cinq ans atteint d'une tumeur au cerveau, retiré d'un hôpital britannique par ses parents, Témoins de Jéhovah, qui ont rejoint Cherbourg alors qu'il est en danger de mort s'il ne reçoit pas son traitement dans la journée.
À la demande des autorités britanniques, Interpol a diffusé en fin d'après-midi une «alerte mondiale» aux 190 pays membres de l'organisation policière internationale.
«Il est vital que nous retrouvions Ashya aujourd'hui», a dit Chris Shead, un porte-parole de la police britannique lors d'une conférence de presse télévisée.
Photo d'une caméra de surveillance montrant Ashya et son père Brett King. (Hampshire Police / Agence QMI)
La vie de l'enfant, qui est en chaise roulante et ne peut communiquer, dépend d'une «sonde» par laquelle il doit recevoir un «traitement médical approprié» et dont la batterie «va se vider dans la journée», a-t-il ajouté.
«S'il vous plaît emmenez Ashya immédiatement à l'hôpital le plus proche (...) Nous comprenons que cela soit une période affreuse pour vous mais le plus important est qu'Ashya ait un traitement approprié. S'il vous plaît, travaillons ensemble à le lui donner.»
Selon Eric Bouillard, procureur de la République à Cherbourg, où la famille est arrivée jeudi à 20h00 par ferry, la «fin d'autonomie» de la batterie de la sonde neurogastrique était même «à peu près la mi-journée».
D'après le message reçu des Britanniques à la direction centrale de la PJ vendredi à 07h00, «le pronostic vital de l'enfant est engagé en l'absence de soins reçus dans les 12 heures», a précisé le magistrat français.
Selon la police britannique, c'est jeudi vers 14h00 locales (13h00 GMT) que Brett King, 51 ans, et Naghemeh King, 45 ans, Témoins de Jéhovah, ont enlevé leur enfant hospitalisé pour une tumeur au cerveau dans un établissement de Southampton (sud de l'Angleterre).
Témoins de Jéhovah
Certains des Témoins de Jéhovah refusent les transfusions sanguines, mais acceptent d'autres formes de procédures médicales.
L'hôpital a précisé que l'enfant avait été autorisé à quitter sa chambre sous la surveillance de ses parents. Le personnel, inquiet de leur longue absence, avait fini par donner l'alerte.
«Notre message est: «s'il vous plaît emmenez Ashya immédiatement à l'hôpital le plus proche (...) Nous comprenons que cela soit une période affreuse pour vous mais le plus important est qu'Ashya ait un traitement approprié. S'il vous plaît, travaillons ensemble à le lui donner», a ajouté Mr Shead.
Photo fournie par la police britannique de Hampshire montrant le petit Ashya, atteint d'une tumeur au cerveau mais retiré d'un hôpital britannique par ses parents alors qu'il est en danger de mort. (Agence France-Presse)
Côté français, «on est assez inquiet pour l'état de l'enfant. Peut-être à tort, je ne sais pas si les parents ont assuré une prise en charge médicale, mais pour l'instant on n'a pas d'élément en ce sens», a dit le procureur à Cherbourg.
Toutes les Agences régionales de la santé de l'Hexagone ont été averties "pour que même le plus petit hôpital de France soit au courant" du cas de l'enfant, a souligné le procureur.
Entrer en contact avec la famille
La famille britannique, de type européen, circule dans un véhicule Hyundai gris immatriculé KP60HWK, selon le parquet.
Les six autres enfants ont entre 3 et 22 ans. «La police judiciaire pense que la famille et l'enfant pourraient être en France. Si vous voyez (ce) véhicule (...) ne tentez pas d'intervenir, mais appelez le numéro vert», a-t-on indiqué au ministère de l'Intérieur.
L'office britannique «d'information publique pour les Témoins de Jéhovah» a confirmé que le couple faisait partie de leurs adeptes.
«Nous ne connaissons pas (...) les raisons qui ont motivé les choix médicaux de cette famille, choix qui sont toujours des décisions personnelles», a précisé un porte-parole de cet office.
Ashya et sa mère Naghmeh. (Caters news agency)
«Autant que nous sachions, absolument rien n'indique que cette décision ait été motivée par des convictions religieuses. Les Témoins de Jéhovah sont encouragés à rechercher le meilleur traitement médical pour eux-mêmes et pour leurs enfants», a-t-il ajouté.
La justice française enquête «sur un enlèvement compte tenu des circonstances du départ de l'hôpital dénoncées par les Britanniques», a précisé le procureur. «Pour l'instant ce qui nous intéresse, c'est de pouvoir entrer en contact avec cette famille», a expliqué M. Bouillard.
«Même si on n'a pas le pouvoir de soigner les enfants contre le gré des parents - c'est une difficulté qu'on a avec les Témoins de Jéhovah notamment - on veut au moins entrer en contact avec eux et essayer de voir ce qui se passe», a-t-il précisé.
La procédure alerte enlèvement n'a pas été enclenchée. Son lancement nécessite l'accord des parents.