Je me rappelle il y a plusieurs années, je travaillais comme adjoint pour une compagnie manufacturière à Montréal. C'était pas énorme, peut-être une centaine d'employés. Ça allait bien, les conditions étaient bonnes et les employés était loyaux (il y en avait qui étaient là depuis un bout).
Il y avait un syndicat de boutique, avec leur locaux à l'intérieur de l'usine, genre d'union des employés. Au bout d'un temps, les patrons se doutaient qu'il y avait des "che guevera" dans le groupe qui voulaient s'affilier à une centrale, pour en obtenir plus (c'était des employés d'usine). Quand les patrons ont su ça, et que nous dans les bureaux aussi... on savait que ça allait être le début de la fin pour cette entreprise. Le secteur était juste trop compétitif et les marges miniscules; si la FTQ rentrait, on fermait dans 1-3 ans et 100 employés perdraient leur jobs.
Les patrons ont alors créé un taskforce. Genre d'espions qui écoutent, suivent et filent des infos sur les gens qui voudraient faire un mouvement d'affiliation a une grosse centrale. Je faisais partie de cette taskforce. C'était en 1995, on avait pas de smartphones alors on faisait de l'écoute et de la filature. Un jour, on a suivi un employé de l'usine lorsqu'il organisait un meeting avec des gens de la FTQ, on a pris des photos de lui et des gens avec qui il était. Une fois, on s'est quasiment fait pogné, le gars marchait droit devant nous il a fallu se coucher dans la van lol!
Une fois identifiés, et qu'on pouvait confirmer qu'il étaient dangereux et qu'il flirtaient avec les centrales. Les patrons les convoquaient et les mettaient à pied. Je sais pas comment ça se passait, mais y'en a pas un qui est resté.
Moi j'étais fier de participer à ça. Les boss se promenaient pas en Ferrari et avaient pas des chalets dans le Nord. Les bougons de l'usine étaient bien payés pour des gens qui n'ont pas de secondaire. J'étais fier de participer à la survie de cette entreprise et d'avoir pu aidé à sauver ces emplois!