http://encompagniedeschiens.ca/pourquoi-les-pit-bulls-une-reflexion-de-jean-lessard/
Et toi Trish, tu as quoi comme chiffre pour prouver ta théorie?
"[...]
L’éducateur canin et comportementaliste de renom Jean Lessard a écrit un billet plus que pertinent il y a quelques années. Avec son accord, il nous fait plaisir de le publier aujourd’hui sur ce blogue.
Nous vous invitons fortement à le lire et à le partager et nous remercions Jean Lessard pour son autorisation. Vous pouvez aussi retrouver ce billet sur son blogue ICI .
Pourquoi les Pit Bulls ?
Une réflexion de Jean Lessard à propos du Règlement (de Montréal) sur le contrôle des chiens et autres animaux (R.R.V.M. c. C-10) et de la NOUVELLE RÉGLEMENTATION POUR LES PROPRIÉTAIRES DE CHIENS POTENTIELLEMENT DANGEREUX (de Montréal) datée de Avril 2011.
Les chiens dangereux existent vraiment, cependant, ils ne sont pas représentés par une seule et unique race. N’importe quel chien peut mordre, sans exception. Le problème des attaques de chiens envers un humain est un problème réel et sérieux, toutefois, mettre à l’index une race de chiens n’empêchera jamais les morsures de chiens.
N’importe quel chien a le potentiel de mordre. Un récent sondage réalisé par Léger marketing pour le compte de l’Association des médecins vétérinaires du Québec a révélé qu’au cours de la dernière année au Québec, il y aurait eu environ 164 000 cas de morsures et qu’en moyenne, près de 450 morsures ont lieu chaque jour au Québec, produites par toutes sortes de chiens: des chiens à maman, des bons vieux chiens de famille, des chiens rois, des chiens de luxe, des chiens de ville, des chiens de campagne, etc.
Selon une étude récente du Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT), réalisée auprès de 385 victimes ayant consulté dans un hôpital au Canada, le chien agresseur est connu de la victime dans 71,2 % des cas et il habite avec elle dans 25,7 % des cas.
Des chercheurs américains concluent que les Berger allemand et les Chow Chow présenteraient le plus de risques d’infliger des morsures nécessitant une consultation médicale. Selon l’
étude du SCHIRPT, des 50 races de chiens ayant déjà mordu quelqu’un, les races plus fréquemment mises en cause sont le
Berger allemand (40 fois sur 278 cas), suivie de l’épagneul Cocker (16 fois), du Rottweiller (16 fois) et du Golden Retriever (15 fois).
Les études sur les races de chien « à risque » sont difficiles à mener car les conclusions peuvent être faussées par la popularité de certaines races dans chaque région.
De plus, il est difficile de distinguer dans les comportements d’un animal les caractéristiques liées à la race, aux comportements du propriétaire, aux méthodes d’élevage et d’éducation ou à l’environnement.
Pour prévenir les morsures, chaque propriétaire de chien du Québec doit se sentir responsable et prendre des actions précises. Voici ce qui est préconisé par l’Association des médecins vétérinaires du Québec.
Tout propriétaire de chien devrait bien socialiser son chiot entre le 2e et le 4e mois de sa vie et détecter les situations qui pourraient créer de l’anxiété chez celui-ci.
Tout propriétaire devrait aussi suivre des cours d’éducation canine orientés sur le renforcement positif et non pas sur la punition.
Tous les chiens devraient être stérilisés afin de ne pas reproduire d’animaux agressifs de même que pour diminuer la réactivité des mâles en présence de femelles en chaleur ou lors des chaleurs chez les femelles.
Tout propriétaire ne devrait jamais banaliser ou ne pas prendre au sérieux toute démonstration, même mineure, d’agressivité de la part de son chien (jappement, grognement, tentative de morsure, manifestations d’impatience), peu importe l’âge du chien. Il importe de consulter rapidement un comportementaliste reconnu de par son expérience et par ses pairs si tel était le cas.
Le véritable problème n’est pas constitué par une race de chien mais par un manque de responsabilisation des propriétaires de chiens en général. La mise à l’index d’une race spécifique n’engendre aucun effet bénéfique puisque la minorité de propriétaires qui cherche à acquérir un chien pour son potentiel agressif ou à le dresser pour l’attaque jettera son dévolu sur d’autres races.
Aussi parce que ce ne sont pas les Pit Bulls qui sont les mordeurs les plus fréquents,
tel qu’indiqué dans l’étude du SCHIRPT.
La plupart des statistiques réalisées ne permettent pas de conclure à une propension à l’attaque plus importante chez les chiens de type Pit Bull. Il semblerait même que
les chiens croisés, le Berger Allemand et le Teckel soient les chiens qui provoquent le plus de morsures.
Quant au Pit Bull, celui-ci aurait plutôt tendance à s’attaquer davantage aux autres chiens qu’à l’homme.
Il faut aussi
dénoncer l’existence d’élevages irresponsables et de mauvais traitements envers les animaux qui contribuent à augmenter la population canine ainsi que la
production d’animaux au comportement déficient qui peuvent présenter un risque pour la population. Il faut
trouver des solutions visant à éliminer ces élevages non contrôlés d’animaux.
D’après Christian Brotcorne, les
études menées en Europe auraient listé des races très différentes. La tête de liste serait constituée par le Berger Allemand, le Rottweiler, le Doberman, le Cocker, le Jack Russel, le Labrador et les bâtards. Aussi, il propose une législation individuelle qui s’attache à l’éducation du chien et de son maître plutôt qu’une législation spécifique de races qui s’est avérée inefficace dans les pays où elle est appliquée.
Les juridictions locales de Californie n’ont pas promulgué de mesures spécifiques de races jusqu’au milieu des années 1980. En effet, en 1985 le comté de Contra Costa fut confronté à une pétition des habitants inquiets pour leurs enfants suite à deux incidents où des Pit Bulls ont tué d’autres animaux. Suite à cette requête, le service animalier et une commission spéciale durent enquêter sur la possibilité de créer une loi interdisant les Pit Bulls.
Les principaux intéressés commencèrent à énoncer deux conditions à la mise en place d’une telle mesure. D’abord, il fallait trouver un moyen de définir les chiens appelés Pit Bulls dans la mesure où il s’agit seulement d’un type de chien et non d’une race. Ensuite, il fallait disposer de statistiques de morsures prouvant soit que ces chiens attaquent de façon plus fréquente que les autres, soit que les blessures qu’ils infligent sont plus graves.
Le rapport qui fit suite à cette enquête indiquait qu’il n’était pas possible de décrire l’apparence physique de ce type de chiens car les traits qui les caractérisent sont portés par de nombreux autres chiens. De plus, le rapport révèle que les statistiques disponibles ne prouvent ni que ce type de chiens attaque plus qu’une race quelconque, ni que les blessures infligées ont un caractère de gravité supérieur. Enfin, le rapport précise que ce type de chien est populaire et que toute race composée d’un grand nombre d’individus a davantage d’occasions de causer des blessures. En conclusion le service animalier et la commission spéciale proposèrent de tenter de prévenir les morsures canines en s’intéressant aux chiens dangereux quelle qu’en soit la race plutôt que d’essayer de réguler une race ou un groupe de races.
À Vancouver, la mesure considérant tous les Pit Bulls comme étant automatiquement dangereux a été abandonnée au profit de mesures non spécifiques en 2005. La municipalité met aussi en place une aide pour trouver le chien convenant à la situation de chaque futur propriétaire. Il est aussi vivement conseillé aux propriétaires d’éduquer leur animal convenablement et de suivre des cours basés sur des approches non-punitives. De plus, il est stipulé dans l’arrêté que les propriétaires doivent fournir à leur chien les conditions nécessaires à leur bonne santé.
À Coquitlam, les mesures spécifiques de races qui considéraient les Pit Bulls et les Bulls Terriers comme des chiens «méchants» (sic) ont aussi été délaissées pour des mesures non spécifiques de la race.
À Surrey, en Mai 2000, un arrêté a précisé que tout chien ayant poursuivi, mordu, attaqué ou blessé une personne sans avoir été provoqué est considéré comme dangereux.
À Nanaimo et Maple Ridge, les arrêtés concernant les chiens «méchants» ne sont pas spécifiques de la race.
Calgary a aussi choisi un modèle plus général ne tenant pas compte de la race. L’arrêté de la ville de Calgary vise à la responsabilisation des propriétaires d’animaux domestiques.
Cambridge, Ingersoll, Mariposa et Mississauga, en Ontario ont opté pour des mesures non spécifiques de races.
Au Nouveau Brunswick, il n’existe pas d’interdictions spécifiques de races.
Les Néerlandais interdisaient le type Pit Bull Terrier depuis 1993 mais en 2008, les pays Bas font marche arrière puisque les expertises révèlent que depuis 1993 aucune diminution des accidents impliquant ces chiens n’a été observée.
La Suisse n’a pas prescrit de législation spécifique. Le gouvernement se prononce plutôt en faveur d’une responsabilisation des maîtres précisant que c’est au détenteur de prendre les mesures préventives. Quant à l’élevage et à la sélection des chiens, il doit tendre vers la naissance de chiens peu agressifs.
Finalement, petit à petit, ce sont les législations non spécifiques de races qui commencent à se mettre en place à divers endroits. L’arrêté de la ville de Calgary pour la responsabilisation des propriétaires des animaux domestiques semble d’ailleurs faire ses preuves.
Sur le port de la muselière
Quand quelqu’un voit un chien porteur d’une muselière, il peut se dire : «voici un animal dangereux» et garder ses distances ; ou bien il peut se dire : «voici un animal sécurisé et un propriétaire soucieux de la sécurité publique» et être d’un a priori favorable. S’il garde ses distances, il ne pénètre pas dans la distance de sécurité du chien qui n’a, dès lors, aucune raison de se méfier de lui. Dans les deux cas, l’interaction avec un humain inconnu est favorisée.
Par contre, avec un chien, il peut ne pas en être de même. Le chien porteur d’une muselière ne peut pas se défendre par morsure face à un chien agressif de même gabarit; il ne peut utiliser que la fuite ou la soumission. C’est évidemment intéressant si le chien muselé est lui-même agressif envers les chiens; ce qui lui permet d’apprendre spontanément de nouvelles stratégies ou de subir des conséquences négatives de ses attaques en se faisant mordre.
Cependant beaucoup de propriétaires n’aiment pas que leur chien, même agressif, se fasse mordre. D’autres ne veulent pas qu’on considère leur chien agressif comme… agressif. C’est un facteur limitant pour l’usage de la muselière. Dans tous les cas, il est important de ne pas croire que le port de la muselière a un effet thérapeutique; ce n’est que de l’ordre de la prévention et n’a aucun effet sur le comportement.
Il faudrait préférer l’utilisation des muselières de type panier, qui couvrent la gueule du chien et le laissent respirer librement plutôt que les muselières qui ne font qu’enserrer le museau.
Le port de la muselière panier doit aussi s’apprendre. Il sera important d’enseigner au propriétaire comment éviter de rendre la muselière repoussante pour le chien suivant la technique d’habituation jumelée à l’instauration d’associations positives.
Références:
Article de Annie Ross, Docteur en médecine vétérinaire, diffusé sur le Réseau Canöe
Étude du SCHIRPT:
http://www.phac-aspc.gc.ca/injury-bles/chirpp/injrep-rapbles/dogbit-fra.php
Michel, Marion (2009) Les chiens dangereux : de l’aspect scientifique à la réponse législative, Thèse
Dehasse, Joël. Changer facilement le comportement animal. I’M éditions, Bruxelles.
POSITION DE L’AMVQ SUR LE CONTRÔLE DES ANIMAUX DOMESTIQUES:
http://www.amvq.qc.ca/f?p=105:99:0::NO::P99_IM:203
LES CHIENS EN VILLE : UN SUJET MORDANT… Par France Paradis, médecin Centre de santé publique du Québec"