Patrick Pellerin, président du Syndicat des agentes et agents de sécurité du Québec (affilié au Syndicat des Métallos, section locale 8922), invite toutefois à la prudence.
« Il arrive que des clients disent avoir fait la demande, mais que les tâches ne soient pas inscrites au contrat. Pour nous, si ce n'est pas demandé sur papier, ce n'est pas viable », a dit M. Pellerin en entrevue téléphonique.
« Demander des procédures claires, c'est un combat qu'on mène à longueur d'année. »
La Presse n'a pas été en mesure de consulter le document décrivant le mandat de Garda. M. Pellerin a par ailleurs affirmé être lui-même encore au stade de la cueillette d'informations sur l'altercation de Maniwaki.
Selon lui, les limites de la fonction d'agent de sécurité à l'intérieur d'un palais de justice ne sont pas suffisamment circonscrites.
Il faut savoir qu'un agent de sécurité n'est pas investi des mêmes pouvoirs qu'un constable spécial. L'agent de sécurité, notamment, ne peut pas pratiquer d'arrestations ou passer les menottes à un prévenu. Ses droits, rappelle M. Pellerin, sont ceux d'un citoyen ordinaire, et sa mission reste de rapporter les événements aux forces de l'ordre.
« C'est sûr que quand on voit quelqu'un se faire agresser, je ne peux pas être en accord si les agents ne bougent pas du tout, nuance-t-il. Mais je veux bien comprendre la situation avant de lancer la pierre. »
« Par exemple, illustre-t-il, les agents qui supervisent le transport de prévenus, ils sont responsables du [détenu] pendant le trajet, mais rendus au palais, est-ce que ça devient la responsabilité du constable spécial ? C'est une ligne mince qui gagnerait à être définie. »
Pour Franck Perales, président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec (SCSGQ), il n'y a pas de confusion : « Comme tous les citoyens, un agent de sécurité doit porter assistance à quelqu'un qui lui demande de l'aide si ça ne met pas sa vie en danger. Si un agent de la paix a besoin d'aide, un agent de sécurité a le pouvoir de l'aider. »
Si ça vie ne le mets pas en danger, en effet. Une intervention peut dérapé assez vite, et ce en mille façon et même si les agents auraient intervenue physiquement.
Dans l'accident de Maniwaki, il ne fait aucun doute, pour M. Perales, que les agents de sécurité ont failli à leur tâche. « Dans la vidéo, on entend le constable demander de l'aide, et personne n'agit. Au nombre qu'ils étaient, les agents de sécurité auraient pu maîtriser le jeune homme et éviter ce malheureux événement. »
Encore une fois, le constable a demande de l'aide mais est-ce que les agents étaient formée adéquatement pour intervenir tout en assurant à leur sécurité et celle du constable, ou encore, des gens qui regardait la scène?
FORMATION
Depuis des années, le SCSGQ réclame davantage de constables spéciaux dans les palais de justice de la province. Les agents de sécurité, argue-t-il, n'ont pas la formation suffisante pour les assister dans leur travail.
Pour exercer son métier au Québec, un agent de sécurité doit posséder un permis de gardiennage (surveillance ou protection de personnes, de biens ou de lieux) délivré par le Bureau de la sécurité privée (BSP). Pour ce faire, il doit d'abord réussir une formation de 70 heures dispensée dans une commission scolaire. Les techniques d'intervention physique sont couvertes dans un module de 30 heures au nom très large de « milieu, fonction, législation et normes de comportement », nous a écrit une porte-parole du BSP.
70hres est la formation minimale pour acquérir une licence du BSP maintenant mais dans une partie d'un cours de 30 hrs, genre 5-10 heures, on devient balck belt en judo ou autres. Oui oui. Un constable fait 3 mois à Nicolet et lui à Maniwaki ne pouvait pas le maitriser seul.
Les agents dont on s'attend qu'ils pratiquent de telles interventions sur une base régulière dans le cadre de leur travail doivent donc recevoir une formation additionnelle. Et, en vertu de leur convention collective, ils recevront une prime de 1,25 $ l'heure.
Il faudrait savoir si les agents touchaient leurs primes, de leurs formations additionnelles.
Un problème apparaît, selon Patrick Pellerin, quand des clients présument que les agents peuvent procéder à des interventions, mais sans en faire la demande clairement. Il est donc possible, effectivement, que des agents ne soient pas assez formés.
« On fait beaucoup de prévention pour que les agents soient formés adéquatement, insiste M. Pellerin. Et si leur employeur ne veut pas collaborer, on demande à un inspecteur en santé-sécurité de s'en mêler. »
Il n'a toutefois pas été possible de savoir si les gardiens de sécurité du palais de justice de Maniwaki disposaient de la formation nécessaire pour une intervention physique.