Mis à la porte de Bombardier en mars, Alain Bellemare s’est négocié une entente qui pourrait lui rapporter jusqu’à 17,4 millions $.
« Ç’a l’air pas mal plus payant d’être PDG de cette entreprise que d’investir dedans. C’est vraiment grossier, c’est grotesque. Ça n’a pas de maudite allure. On est bien tannés », s’est exclamé vendredi Willie Gagnon, directeur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).
Le mandat de cinq ans de M. Bellemare à la tête de Bombardier a été marqué par un sauvetage gouvernemental, des milliers de licenciements, des résultats financiers décevants, d’innombrables ventes d’actifs, un cours boursier en chute libre et même une manifestation inédite contre sa rémunération.
Indemnité de départ de 10 M$
En vertu d’un « arrangement » conclu avec l’entreprise, Alain Bellemare a reçu une indemnité de départ de près de 10 millions $. Il aura aussi droit à un « paiement spécial » de 4,9 millions $ pour avoir négocié la vente de la division ferroviaire de Bombardier à Alstom pour plus de 10 milliards $. Le versement de cette somme est conditionnel à la conclusion de la transaction, prévue pour l’an prochain.
De plus, M. Bellemare empochera environ 2,7 millions $ pour les unités d’action qu’il avait accumulées pendant son mandat. L’entreprise soutient qu’en raison de sa contre-performance en Bourse, la valeur de ces titres a été divisée par 10 « par rapport à ce qui avait été déclaré » dans les divulgations des années antérieures.
« À cause du contrat trop généreux négocié en 2015, Bombardier est un peu “pogné” pour lui donner ça », constate Michel Nadeau, directeur de l’Institut sur la gouvernance.
« C’est un congédiement sans cause, rappelle-t-il. [...] Ç’aurait été dur pour Bombardier, sans se faire poursuivre, de ne pas respecter son engagement de lui verser une indemnité équivalant à deux ans de salaire et de primes de rendement. »
M. Nadeau estime que les entreprises devraient moduler leurs indemnités de départ en fonction des résultats obtenus.
« Si la performance n’est pas au rendez-vous, eh bien ça ne mérite pas deux ans de salaire plus les bonis. C’est là qu’est la faille », affirme-t-il.
Près de 11 millions $ l’an dernier
En 2019, Alain Bellemare a reçu une rémunération de près de 10,8 millions $. Cette somme comprend le salaire de base de 1,5 million $, 7,4 millions $ en attributions d’actions et d’options ainsi que 1,8 million $ en paiements divers.
En 2018, la rémunération du patron le mieux payé au Québec avait atteint 13,8 millions $.
Cette année-là, 12 dirigeants de Bombardier avaient réalisé des gains de plus de 38 millions $ en exerçant des options d’achat d’action, dont 10,6 millions $ pour M. Bellemare.
Rémunération d’Alain Bellemare
2018 : 13,8 M$
2019 : 10,8 M$
Arrangement de départ : 17,4 M$