Pris sur Facebook.
Police sur un power trip...degueu lasse
À quoi ça sert le couvre-feu?
Il s’agit là d’une question à laquelle je n’accordais que peu –voire pas- d’importance avant hier soir 21h47. Pourtant, le couvre-feu est en vigueur depuis mi-janvier, variant entre 20h et 21h30 par chez nous, à Varennes.
La question ne méritait pas d’être ruminée parce que j’avais confiance, moi, envers le gouvernement et les décisions qu’il prenait. Je savais que l’objectif de tous est de se sortir de cette pandémie avec le plus de gens en santé, et heureux. Je me déplace presque tous les jours, vêtue de ma visière et mon masque, pour apporter mon support aux enseignants de classes spécialisées. Le télé-travail est possible mais quand on a des enseignants et des enfants au bord du gouffre, on s’habille et on met la main à la pâte nous aussi.
Je suis, moi aussi, tannée de la pandémie.
Je suis tannée de voir les gens de mon entourage épuisé et essoufflé. Enseignantes, directions , directrice de la mission OldBrewery, intervenante en ressource intermédiaire, toutes mes amies se donnent chaque jour pour que la vie demeure viable et un brin normal.
Je suis tannée que ma fille de 22 mois ne connaisse que les masques,
Je suis tannée qu’elle ne connaisse pas ses grands-parents, ni ses oncles, ses cousins, ses tantes.
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Je rappelle ma question initiale : à quoi sert donc le couvre-feu?
Probablement pour permettre aux gens qui n’adhèrent pas aux mesures sanitaires et s’y opposent, d’être un peu plus frileux à l'idée de s'opposer. Plus encabanés que revendicateurs.
Je disais donc que j’étais contente d’offrir une activité spéciale en ce 10 avril au soir à ma fille de 22 mois. Quasi première sortie depuis ses 9 mois (autre qu’au magasin essentiel pour les emplettes de dernières minutes -en courant pour éviter de passer trop de temps dans un endroit mal aéré- - à cause de la ventilation- - à cause des variants- - à cause qu’on respecte toutes les règles à la lettre).
Alors que je reçois un courriel le 27 mars faisant la promotion d’Illumi, de Cavalia; parcours extérieur lumineux féérique et enchanteresse, à Laval pour une durée de trois fins de semaine seulement. On nous promet « une aventure nocturne magique, éblouissante et extraordinaire créée de milliers de structures lumineuses monumentales. »
J’appelle ma mère;
« veux-tu faire une activité extérieure, structurée et organisée qui respecte les conditions émises de la santé publique? » (Ma mère est très, très, très loyale aux directives soumises). Elle accepte avec joie de passer un moment à revoir (légalement, en présentiel, dehors, avec masque et distanciation) ma fille Ana-Rose.
Évidemment, on prend des autos séparées, parce qu’on ne voudrait surtout pas s’infecter, et/ou contrevenir à la loi.
C’est ainsi que mon chum, Ana-Rose et moi arrivons sur le site à l’heure la plus tôt offerte possible pour démarrer le parcours, soit 19h45. Le stationnement est loin du site et on doit faire la file. Je décide de me ranger sur le côté du site, loin de la file, avec mon bébé (qui ne porte pas de masque) pour éviter le plus possible la promiscuité non-nécéssaire.
Christian fait donc la file pour tous…pendant plus de 30 minutes (On avait pourtant des billets). On entre sur le site et ma mère me dit (après nous avoir salué à distance) qu’on ne pourra pas assister à tout puisqu’il ne faudrait pas être « en retard », faisant référence au couvre-feu en vigueur.
Je souris et lui dis que je ne crois pas que ce soit siiiii long et que de toute façon, l’objectif c’était de sauter sur une opportunité de voir le visage de ma fille illuminé à illumi. Ma mère ne peut pas la prendre, ni la voir au quotidien, mais elle pourra garder cette expression dans ses souvenirs.
Alors Ana-Rose est très très TRÈS contente. Elle danse et chante sur l’air des Beatles. Elle est émerveillée de la lumière tout autour et heureusement, elle ne ralentit pas la cadence puisque tous les autres détenteurs de billets le sont tout autant, faisant de l’aventure une marche lente avec de multiples arrêts photos.
Nous essayons d'emboiter le pas mais nous sommes tout de même permis UN arrêt-photo (dans la bouche de baleine, à la demande d’Ana). On a même profité de certaines occasions où les gens prenaient des photos pour les dépasser! Ma mère était vraiment - exagérément- stressée par le couvre-feu.
Pas capable de sortir avant la sortie; parcours bien défini (COVID oblige). La sortie du sentier est également super loin de l’entrée pour éviter les croisements (COVID oblige), donc on se voit marcher près de 5 km durant la (rapide) soirée d’une heure.
21h10, on rentre dans l’auto en courant, on envoie un signe de main à ma mère et mon beau-père qui marchent un peu moins vite, et on part en direction de chez nous. Varennes. Viteeee. Tout semble croire que d’autres aussi emboîtent le pas parce qu’on est quelques-uns à tenter de sortir du site en auto, bien que d’autres viennent d'y entrer.
21h47; on est à 110 mètres de la maison…
Les gyrophares,
La sirène,
Ana-Rose qui se réveille
- « Vous revenez d’où?
-d’illumi, on sait qu’on est «en retard » on a fait le plus vite possible, il y avait du traffic, etc.
-personne travaillait?
-….non,
-donnez-moi vos pièces d’identités, vous êtes tous les deux en infractions »
Je n’ai pas mes pièces, on était parti faire une sortie de deux heures, habillés en mou et je ne prenais pas le volant.
La jeune femme polière continue :
« -Vous sortez sans vos pièces madame?
-…oui? J’ai pris le sac à couche et je suis partie marcher dehors…
-Vous sortez sans sacoche vous?
- Je m’excuse madame, je ne comprends pas pourquoi vous avez cette attitude envers moi.
-Parce que vous êtes en infraction et je dois vous identifier.
-Geneviève Ménard, 19 août 1987. Je suis juste une fille de 33 ans, à 4 maisons de chez elle qui revient d’une marche dehors avec son chum et son bébé, short de 17 minutes malgré tous nos efforts. »
La jeune femme appelle son collègue, deuxième auto de police sur la rue René-Gaultier, à Varennes, gyrophares allumés. Il rejoint la première et s’assied côté passager. On attend. Après 15 minutes Ana Rose est toute mouillée, pleine de pipi. Je sors de l’auto, va chercher ma fille et me rends aux voitures, aveuglée par la lumière bleue et rouge qui scintille dans la rue noire:
« -Ma fille est trempée, est-ce que je peux aller chez moi à pied avec elle?
-Oui, ok, selon les circonstances je vais te laisser partir mais je suis supposé te donner ton billet en main propre. Je vais le donner à votre conjoint et on fera comme si c’était toi. » Et on dirait qu’il aurait pu ajouter : Je suis gentil hein?
Je pars à pied, avec Ana toute mouillée et rentre à la maison. Mon chum me rejoint 6 minutes plus tard avec 3100$ d’amende à payer dans les trente prochains jours.
2 fois : "A refusé d'obéïr à l'ordre interdisant à toute personne de se trouver hors de sa résidence ou de ce qui en tient lieu dans les régions et durant les périodes de temps visées par cet ordre"
Dites-moi vraiment, est-ce réellement à ça que ça sert le couvre-feu?
Si oui, je perds la confiance que j’avais envers nos élus et leur bonne volonté.
Je sais qu'on pourra dire que la règle c'est la règle. Mais dans un monde où tout est basculé, aurait-il été préférable qu'on déjoue les limites de vitesse? Les risques seraient plus grands mais le prix moins élevé....