Complètement fou!

En 1970, je n’étais même pas né. Difficile alors de parler de la belle époque des muscle cars, au moment où l’essence coûtait rien ou presque et que les moteurs V8 faisaient la loi. Pourtant, même si je suis trop jeune, je connais la culture du muscle version voiture. Pourquoi, parce que les plus âgés autour de moi m’en parlent comme si ces voitures avaient réinventé la roue. Pourtant, le modèle était on ne peut plus simple. Insérer un massif moteur dans une voiture légèrement plus compacte que les immenses « bateaux » de l’époque et vous obteniez un missile sur roues. Le problème, c’est que ces voitures performantes du passé n’avaient de performants que leurs moteurs, j’exagère à peine! Aujourd’hui, les constructeurs auto doivent répondrent à des normes bien plus strictes qu’à l’époque.

 

Depuis quelques années, il y a de ces constructeurs qui ressortent du placard des concepts inspirés du passé et je ne parle pas de la New Beetle ou de la PT Cruiser. Je parle évidemment de la Ford Mustang, de la Chevrolet Camaro et de la Dodge Challenger. La Ford n’a jamais cessé d’être produite et la Camaro revient cette année avec les lignes de la fin des années 60. Finalement, il y a la Challenger et elle, ça fait un brin qu’on ne l’avait pas vu sur nos routes. On peut bien dire ce qu’on veut sur les produits Chrysler par les temps qui courent, la Challenger est dans une classe à part. Ce n’est pas qu’elle est unique chez le constructeur puisqu’elle est basée sur la plateforme des Chrysler 300 et Dodge Charger. C’est plutôt le respect qu’elle dégage lorsque les piétons et autres automobilistes la voient arriver. Même le modèle V6 de base est superbe à regarder. Pour ma part, les gens de Chrysler m’avaient confié le haut du pavé, la SRT8 à seulement – j’ai bien dit seulement – 425 chevaux! Et par-dessus le marché, celle-ci était manuelle.

 

Pourtant, mes goûts personnels me font souvent pencher vers des voitures plus agiles, plus légères et surtout, moins énergivores. En fait, je redoutais qu’un groupe d’environnementalistes ne saute sur la voiture pour me signifier à quel point j’étais un pollueur de la pire espèce. Heureusement, ce scénario ne s’est pas produit. Non, au contraire, je n’ai reçu que des pouces en l’air et des signes de main me disant clairement de peser sur le champignon. Non, d’entrée de jeu, la Challenger SRT8 ne figurait pas dans mon garage de rêve même si j’adore ses lignes de voiture « bad boy ». Le hic, c’est qu’il fallait que je la conduise et c’est là, à peu près une seconde après avoir entendu le vrombissement du V8 Hemi de 6,1-litres que je suis tombé sous le charme. La Dodge était complètement noire et elle me donnait l’impression que j’étais le truant du prochain film de Quentin Tarantino. Le son de l’échappement à l’arrière est tellement enivrant que Dodge devrait vendre des enregistrements de son muscle car moderne pour tous ceux qui n’auront jamais la chance de conduire cet hommage au passé.Finalement, il m’en faut une dans mon garage de rêve. 

 

Il faut bien parler de la voiture, n’est-ce pas? Hormis l’extérieur qui n’a aucunement besoin de présentation, l’intérieur de ce modèle spécial est peut-être le plus décevant, même si les dessinateurs de Chrysler se sont efforcé de le différencier de la Charger et de la 300. La tableau de bord imite tant bien que mal le modèle originel. Les bancs enveloppants sont juste assez moelleux pour les longues balades sur nos routes meurtries – ceux des autres modèles sont moins sportifs. L’arrière est digne d’une voiture quatre places et il ne manque pas d’espace pour la tête. Le volant est un tantinet trop gros, mais la pièce de résistance est le levier de vitesse en forme de manche à pistolet Hurst. Ce dernier demande qu’on s’y habitue, mais après quelques accélérations, ça va. Rien à voir avec le maniement d’une transmission manuelle de Honda Civic, celui de la Challenger est lourd et moins chirurgical que certaines allemandes. Mais, on s’en fout, parce que le plaisir ressenti à chaque pression sur la pédale de l’accélérateur excuse facilement les mineures imperfections. À ce sujet, la Challenger est assurément une des Chrysler les mieux fabriquées du constructeur.

 

Côté performances, la SRT8 en a à revendre. Ai-je besoin de vous dire que la puissance de son engin est bien trop grande pour nos routes scrutées à la loupe par les forces de l’ordre? Le 0-100 km/h n’est l’affaire que de 5,9 secondes. Pas mal pour un bolide qui pèse plus de 1700 kg. La SRT8 semble lourde à manipuler et ses lignes un peu moins aérodynamiques qu’une exotique italienne handicape un peu la voiture, mais encore là, on s’en fout car chaque montée en régime est une montée d’adrénaline garantie! En courbe, la suspension surprend tout de même. Bien sûr, ce n’est pas une Lotus, mais la nouvelle Challenger n’a rien à voir avec les voitures des années 70, même si je les connais à peine. De plus, les freins à disque Brembo gros comme des pizzas moyennes du resto du coin  freinent amplement, encore là compte tenu de tout le poids à stopper!En ville, le gros engin de la Challenger boit comme un ivrogne – l’aiguille oscillait autour de 19,5 L/100km – mais la bonne nouvelle, c’est que sur l’autoroute, à moins de 120 km/h, la consommation peut même atteindre 10,5 L/100km. Pas mal pour un V8 de 425 chevaux!

 

Il reste maintenant à déterminer si l’achat en vaut la chandelle. À plus de 40000$, la SRT8 n’est pas une aubaine, mais pour rouler avec un vestige du passé et un immense V8 de 425 chevaux, il ne se fait pas vraiment mieux en termes de nostalgie américaine. Si je suis tombé sous le charme, absolument!

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