Style d’abord, sport ensuite
On a toujours défini un » Muscle Car » comme une voiture ayant pour principale aptitude une forte accélération en ligne droite. Un puissant V8, quatre roues, un volant et le tour était joué! Évidemment, nombreux sont ceux qui, par de fâcheux incidents, ont appris que la conduite sportive ne faisait pas partie des qualités propres de ces voitures. En fait, le sport, c’était plutôt de contrôler ces bolides aux mécaniques puissantes et au comportement hasardeux.
En réintroduisant la magnifique Challenger, Dodge n’aurait évidemment pas pu recréer une voiture aux aptitudes routières aussi aléatoires. Toutefois, après plusieurs centaines de kilomètres parcourus au volant des trois versions de cette Dodge, j’en conclus que le sport n’est toujours pas sa qualité primaire. Certes, son comportement routier est équilibré, voire dynamique, et nettement plus sécuritaire que par le passé, mais on ne peut parler d’aptitudes sportives proprement dites. Évidemment, cet énoncé exclut la version SRT8, mais nous y reviendrons.
Rivale de la Mustang, vraiment?
Comme vous pouvez le constater, la Challenger est une grosse voiture. Dodge tente de nous convaincre qu’il s’agit d’une rivale directe de la Mustang, mais ses dimensions plus importantes m’amènent à avoir quelques réserves à ce sujet. En fait, si la Challenger est si imposante, c’est qu’elle utilise la plateforme LX ayant servi au développement des voitures pleine grandeur 300 et Charger. Par conséquent, on ne se sent nullement au volant d’une voiture sport, mais plutôt aux commandes d’un gros coupé, ce qu’elle est. Les modèles SE et SXT sont mus par un V6 de 3,5 litres développant 250 chevaux. Chaussées de roues de 18 pouces, ces deux versions proposent une conduite un peu plus ferme que celle de la Charger, principalement en raison de l’empattement réduit de quatre pouces et d’une suspension légèrement, je dis bien légèrement, plus ferme. Il en résulte ainsi une conduite passablement dynamique et un plaisir certain, mais on ne peut parler d’aptitudes sportives et de performances relevées.
Pour la puissance, il faut obligatoirement se tourner vers la version R/T, laquelle reçoit cette nouvelle version du moteur V8 HEMI de 5,7 litres développant 372 ou 376 chevaux selon la transmission choisie. Ici, les accélérations sont musclées et la sonorité du moteur est enivrante, ce qui accroît de façon considérable le plaisir de conduire. Naturellement, la boîte manuelle à six rapports empruntée à la Dodge Viper change complètement la dynamique de la conduite, mais sachez que l’automatique fait aussi du très bon boulot.
On en arrive finalement à la version SRT8, la seule qui soit vraiment digne de recevoir le qualificatif de voiture sport. Non seulement cette version est capable de performer en ligne droite encore mieux que la Challenger d’antan, mais cette dernière étonne aussi sur circuit par ses aptitudes routières. Il faut dire qu’avec des jantes de 20 pouces montées de pneus de performance, une suspension raffermie, de puissants freins Brembo et des sièges qui vous tiennent vraiment en place, le sport est drôlement plus facile. Et je ne vous parle pas ici de la puissance hallucinante (425 chevaux) qui émane de ce V8 de 6,1 litres.
Le secret, c’est le style
Que vous optiez pour la version SE ou la puissante SRT8, la force de la Challenger réside en son design très caractérisé. Les stylistes de la marque ont en fait réussi un véritable tour de force en adaptant au goût du jour les lignes de ce coupé résolument macho. Et afin d’éviter que les versions SE et SXT n’aient pas l’air de voitures de base, on a conservé la plupart des traits principaux des versions plus huppées.
Je vous dirais en revanche que l’habitacle, même s’il est bien assemblé, déçoit par sa présentation. L’omniprésence du plastique et du noir en fait un environnement plutôt lugubre qui gagnerait à être enjolivé. Bien sûr, la présence des superbes baquets de la version SRT8 améliore la donne, mais il s’agit là du seul élément esthétique qui soit digne de mention.
Il est évident qu’avec un prix de départ de 24 995$, Dodge s’assure d’attirer le maximum de clients potentiels. Il s’agit d’une voiture attrayante, bien construite et qui offre à la fois plaisir et confort. Actuellement en difficulté financière, la compagnie Chrysler a cependant davantage besoin de modèles à volume comme la Caliber, le Patriot et le récent Journey. Car ce n’est pas avec la Challenger, qui ne s’écoulera au Canada qu’à quelques milliers d’unités, qu’elle renflouera ses coffres. Tout de même, voilà une voiture qui embellira le paysage automobile actuel et qui fera sourire de nombreux nostalgiques. Et ça, c’est un signe que malgré la conjoncture actuelle, la passion automobile est encore bien existante chez les Américains.